Réponse à l’article paru dans Ouest France du 28/4/2023, édition de Saint-Malo, signé par Nadine PARIS Journaliste.
Dans l’article « Future gare maritime : « un projet surdimensionné », vous reprenez l’argumentaire du Collectif des Sablons en sous-titre, semblant ainsi justifier que celui-ci ait été dans l’obligation de réaliser lui-même des visuels de la future gare maritime parce que la Région refusait de les fournir (1) ; ceux-ci ne seraient pas des photomontages mais le résultat de calculs mathématiques rigoureux (2) ; enfin « ils se seraient trompés de projet » (3).
Examinons les dires en regard des faits :
« La Région refusait de produire des visuels »
Dire que les visuels présentés par la Région ne répondent pas aux demandes du Collectif Sablon ne veut pas dire qu’ils n’ont pas été produits, simplement le Collectif considère qu’ils ne correspondent pas à son argumentation. C’est très différent.
Pourtant la localisation des Bas-Sablons semble bien avoir été prise en compte dans les études réglementaires diligentées par la Région, l’étude paysagère retient 7 points de vue depuis la plage.
La vue dépend de la position de l’observateur et de la hauteur de ses yeux par rapport à l’horizon et celle-ci change sans arrêt au gré de ses déplacements. Cela pour dire qu’il a des milliers de points de vue et que l’on ne peut pas demander à la Région de les simuler tous.
D’autre part chaque individu situé à la même place ne perçoit pas la même chose, le paysage et le patrimoine s’apprécient, pour chacun, en fonction de son expérience, de son humeur, de son acuité visuelle, de son inconscient ou de sa culture, sans parler de la luminosité ou des conditions météorologiques. Tous ces sujets sont abondamment traités dans les recherches actuelles des sciences, des arts et de la littérature.
Les visuels du Collectif Sablons ne seraient pas des photomontages mais le résultat de calculs mathématiques rigoureux
Un visuel reste un visuel et un calcul un calcul. On ne peut substituer l’un à l’autre. Un calcul peut être expliqué par un schéma (pendant son exposé, Monsieur Patrick MARGON a présenté un schéma graphique figurant les angles ouverts, c’est ce document que vous auriez dû publier en regard de sa démonstration) et non pas la vue sur l’intra-muros car il n’y a pas de corrélation technique entre une hypothèse de calcul trigonométrique et une photographie.
De plus, afin de se préserver de toute critique, l’animateur du Collectif présente cette invention (caricature) comme un pur produit de la science absolue. C’est exactement l’inverse de l’esprit de la méthode scientifique qui privilégie le doute et l’expérimentation.
Un photomontage est une création combinant photographie et dessins préexistants obtenue par collage au moyen d’un logiciel, donnant un aspect différent par l’incorporation d’une ou plusieurs images et permettant toutes les retouches ou trucages. Ainsi le Collectif des Sablons a détourné le travail original de l’équipe AREP (architectes du projet) en incluant une coupe-élévation dans une photographie recadrée. La superposition des deux représentations augmente artificiellement la surface de la vue frontale alors que le plan devrait diminuer suivant l’échelle des hauteurs qui régit le dessin en perspective. On voit le plan de coupe en même temps que celui de la façade, ce qui est impossible en extérieur. Enfin une trame censée représenter un vitrage réfléchissant recouvre uniformément l’ensemble de la représentation sans tenir compte de la localisation ni de la nature des matériaux.
Non-respect du cadre déontologique et de la protection des œuvres et des auteurs
Les professionnels doivent agir dans un cadre légal et déontologique garantissant la neutralité de leur expertise. Les membres du Collectif ne peuvent se présenter comme des professionnels et être à la fois « experts » et militants.
Les œuvres sont protégées par la loi. L’utilisation et la diffusion dans le domaine public de documents d’architecture par un tiers ne sont pas autorisées sans le consentement de leurs auteurs. Ce délit est aggravé, lorsque les documents originaux sont tronqués et détournés dans une composition destinée à se substituer à l’œuvre originale pour en modifier le contenu dans le but d’influencer le public dans une direction partisane.
« De la digue des Sablons, c’est inacceptable »
La protection d’un monument s’effectue prioritairement depuis son implantation et non par rapport à un point de vue distant de plus d’un kilomètre. Il serait beaucoup plus pertinent de tracer l’angle d’incidence de la tangente entre la distance au sol depuis le pied du Bastion Saint-Louis (rempart à préserver) et la hauteur réelle de la nouvelle gare maritime (8 mètres) située en zone portuaire dans un autre plan visuel et séparés de plus de 400 mètres de distance. Soit une incidence d’environ 2 cm/mètre.
« Ils se sont trompés de projet »
Si quelqu’un s’est trompé de projet c’est bien le Collectif Sablons, au point qu’il est obligé de fabriquer de toutes pièces une fausse image du vrai projet, de le déformer et de le simplifier exagérément sous la forme d’un écran vitré de 10 mètres de haut par 200 mètres de long dans l’intention de semer le doute et la zizanie.
Le Collectif Sablons caricature le projet des architectes en le transformant en Palais des glaces alors que les matériaux utilisés sur les façades sont le granit au RDC et le bois et le verre à l’étage, la passerelle elle-même, objet du principal grief, est représentée sans vitrage dans les études de 2022.
Remettre en cause les principaux éléments de l’architecture ainsi que la programmation, le fonctionnement et l’économie du projet outrepasse largement les attributions et les compétences des animateurs d’un comité de quartier. C’est accaparer le débat par une vision égocentrée et faire fi de la volonté des autres intervenants favorables au projet. La solution a été validée par une très large majorité lors des procédures de consultation. Contester les décisions qui ont été validées et retenues en temps voulu n’est pas respectueux de l’engagement et du travail des différents intervenants, d’autant plus que le Collectif Sablon s’est intéressé tardivement au projet, intervenant en force après une consultation publique menée durant deux ans.
Le rôle des professionnels responsables est d’accompagner les utilisateurs dans une démarche pédagogique, comme un passeur, un accompagnateur ou un accoucheur et non comme un pyromane prétendant détenir la solution pour éteindre un incendie qu’il a lui-même provoqué et attisé. Le niveau de revendications du Collectif Sablon semble fluctuer au fil des signatures d’une pétition obtenue sur les réseaux sociaux par une communication outrancière. Il est grand temps de revenir à la raison.
Il est urgent de consulter le projet original plutôt que sa caricature
Les logiciels informatiques utilisés par la maîtrise d’œuvre du projet architectural AREP, MADEC architecture et LALU paysagistes sont seuls capables de restituer très précisément en images de synthèse l’implantation de la nouvelle gare maritime dans l’environnement d’une vue aérienne (perspective cavalière) à partir de la totalité des éléments architecturaux du projet en plans, coupes et élévations d’après leur base de données.
Ce type de représentation permet d’objectiver les rapports d’échelle et les distances entre le nouveau terminal et les grands éléments du site. Il est moins sujet à contestation qu’un montage informatisé volontairement trompeur.
Merci de vérifier vos sources et de ne pas relayer des intérêts partisans, peu représentatifs et dommageables au travail que doivent mener en bonne intelligence la Marie avec la Région Bretagne. L’activité portuaire est indissociable de l’histoire de Saint-Malo et continue de la transformer. C’est sa compréhension et la mise en dialogue de son histoire qui peut permettre d’y inscrire et s’y faire accepter de nouveaux éléments, pour la renouveler et assurer ainsi sa durabilité.
Il est urgent de revenir aux sources et à la présentation réelle du projet, en allant sur le site de la Région, suivant le lien : https://ports.bretagne.bzh/decouvrir-le-projet/
On y consultera utilement : les études réglementaires et environnementales ; cadre de vie ; Etudes paysagère 2022, effets du projet.
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