« Construire sur des terres inondées », mais ne pas construire sur des terres inondables ?
Le développement de Saint-Malo s’est réalisé à l’emplacement d’un marais que la mer envahissait inlassablement puis délaissait deux fois par jour.
Ainsi Saint-Malo s’est étendu sur son marais à l’Est de Paramé avec l’endiguement et l’urbanisation de la dune du Sillon, c’est-à-dire, à l’époque, sur des zones inondées et non pas sur des zones présumées inondables (la différence est de taille et mérite d’être soulignée).
Le port intérieur et ses bassins jouent le rôle de modérateurs entre la ville et les marées en participant à la prévention du risque de submersion par la possibilité de réguler le niveau de référence afin d’absorber les surplus.
Comment s’adapter à la montée des eaux ?
En gelant une partie importante du territoire dans le cadre du PPRSM ?
Il est curieux de constater que la volonté des gens est d’habiter au plus près du littoral et que le prix de l’immobilier à Saint-Malo est inversement proportionnel à la distance à la mer. Le désir est-il plus fort que l’inquiétude ?
Concevoir des constructions compatibles avec les données climatiques
Pourquoi interdire l’usage de certaines zones à la construction sans s’interroger sur le type de construction ? Pourquoi, dans ce cas, ne pas concevoir de nouvelles constructions conciliables avec la variation du niveau des eaux ?
Les pouvoirs publics n’abordent jamais la problématique son cet angle. Pourtant de nombreuses catastrophes seraient évitées en France si les constructions étaient en accord avec les conditions climatiques et maritimes.
Pourquoi déserter et se replier, alors qu’il s’agit, peut-être tout simplement, de concevoir des constructions en osmose entre le site et son occupation.
Les types d’habitat des populations du Sud-Est asiatique, édifiés là où se trouve la vie, en bordure de l’eau ou sur l’eau, permettent un usage différencié et adapté des espaces suivant les saisons.
Il ne s’agit pas de transplanter un modèle exotique sur le littoral français mais de réfléchir à ce que pourrait être un urbanisme prévoyant un habitat qui réponde aux données du changement climatique.
Concernant le Musée maritime de Saint-Malo:
Monsieur le Maire laisse entendre que le projet du Musée maritime qu’il soutenait n’est plus possible parce qu’il serait maintenant situé en zone inconstructible. C’est un petit arrangement avec l’histoire…. M. LURTON ayant justifié la décision qu’il a prise en 2021 par un dépassement des coûts insoutenable pour la commune.
Pour un équipement public, les réponses à apporter face aux tempêtes conjuguées avec des marées de fort coefficient sont beaucoup plus faciles à gérer que pour l’habitat diffus, la prise en compte des contraintes étant source de créativité pour une nouvelle conception.
D’un point de vue urbain, le projet de Kengo Kuma, abandonné par la municipalité actuelle, constituait, par son esprit portuaire affirmé, un signal et un lien entre l’intra-muros et les autres quartiers de la ville. Il permettait d’élargir le périmètre de fréquentation et d’offrir un lieu de destination et de promenade le long du quai Duguay-Trouin.
Le musée offrait non seulement un point haut, mais tout un plateau muséal en belvédère situé à 28 m de hauteur, conçu pour dominer l’ensemble de la ville: « un musée dans les airs », ouvrant des vues panoramiques sur l’environnement proche et lointain depuis trois halles superposées.
Le bâtiment était conçu, à partir d’un parvis, comme un empilement de grands plateaux libres, dont les cloisonnements pouvaient être organisés selon les besoins et évoluer dans le temps, afin d’offrir un lieu vivant. Le rapport au sol était traité par un jeu subtil de terrasses qui organisait des prolongements extérieurs surélevés autour du Musée. La qualité du sous-sol sol était excellente pour supporter le nouvel édifice car des silos très lourds étaient auparavant fondés sur ce même emplacement .
Les pilotis, les terrasses surélevées, les emmarchements et les rampes sont des dispositions passives connues depuis la nuit des temps, même à Saint-Malo.
Le restaurant «1934» de la Compagnie des pêches :
Pourquoi le permis de construire sur ce quai a-t-il été accordé pour le restaurant, café bar et la boutique vente de la Compagnie des Pêches, alors que le site a été déclaré impropre à la construction du Musée Maritime initialement prévu ? L’emplacement présente la même cote altimétrique et se situe dans le prolongement du même quai. Aujourd’hui les locaux modernisés de la Compagnie des Pêches ne désemplissent pas et confirment ainsi l’attractivité du site. Alors pourquoi avoir deux poids et deux mesures ?
« Nous avons deux poids et deux mesures : nous approuvons, pour une idée, un système, un intérêt, un homme, ce que nous blâmons pour une autre idée, un autre système, un autre intérêt, un autre homme. » Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe.
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